12 septembre 2009

Investir dans les livres d'art.


Investir n'a rien de très amusant, de nos jours, pour tous ceux qui ont perdu d'importantes sommes d'argent à la suite des hauts et des bas de la bourse au cours de la dernière année.
Et comme rien n'indique que les marchés boursiers reprendront des couleurs à court terme, la constitution de collections, dans un but lucratif, peut être une solution intéressante à un secteur aussi instable que celui des actions. Par exemple, les livres rares sont non seulement merveilleux à lire et agréables à regarder, ils peuvent s'avérer un mode d'investissement respectable, affirme Laura Minor, gérante de Bauman Rare Books, à Las Vegas.
«Il s'agit d'une bonne façon de léguer des biens personnels aux générations futures», fait-elle remarquer.
«Par exemple, précise Mme Minor, au lieu de se procurer des obligations d'épargne, des gens viendront dans notre magasin après la naissance de leur enfant et achèteront «Les aventures de Winnie l'Ourson. Une fois que leur enfant a grandi, nos clients sont habituellement très heureux de leur choix.»
Mais comme dans n'importe quelle collection, les investisseurs doivent se préparer à puiser au plus profond de leurs goussets.
Par exemple, Mme Bauman conserve une copie dans sa condition d'origine du premier roman de la série James Bond, Casino Royale, évaluée à 43 000 $ US.
Ca peut sembler exagéré, mais deux facteurs justifient un tel prix - il s'agit d'une première édition, et le couvre-livre d'origine s'y trouve toujours.
Les premières éditions sont toujours plus dispendieuses parce qu'elles sont rares, explique Wesley Begg, propriétaire du magasin Contact Editions à Toronto.
«Souvent, les premières éditions sont publiées en moins d'exemplaires, et les copies sont plus difficiles à retracer. C'est d'autant plus vrai si le livre est devenu très populaire», fait remarquer M. Begg.
Celui-ci donne en exemple J.K. Rowling, l'auteure des célèbres Harry Potter, dont la première édition n'a été imprimée qu'à raison de 600 copies.
«Au départ, ils ne voulaient pas risquer avec cette dame», confie M. Begg, en faisant allusion aux dirigeants de la société d'impression Bloomsbury, établie à Londres.
«Les Britanniques continuent d'imprimer en petite quantité alors que les Américains ont toujours prôné le tirage d'un plus grand nombre d'exemplaires.»
Les couvre-livres sont un incontournable pour la simple et bonne raison qu'un collectionneur recherchera un livre dans sa condition d'origine.
«Les couvre-livres ont été introduits à la fin du 19e siècle, mais il est très rare d'en trouver qui datent d'avant les années 1900», note M. Begg.
«Mais pour être intégré dans une collection et détenir une valeur d'échange, tout livre imprimé après 1920 doit être doté d'un couvre-livre. Alors, 1920 est l'année charnière lorsqu'il est question de couvre-livres, et quoi que ce soit qui date d'avant les années 1900 est très rare», reprend M. Begg.
Il existe une grande différence entre le prix d'une première édition munie d'un couvre-livre et une qui n'en compte pas.
Eric Pedersen, de la boutique Bauman à Las Vegas, cite en exemple le chef-d'oeuvre d'Ernest Hemingway, «Pour qui sonne le glas», publié en 1940.
«Sans un couvre-livre, ce roman vaudrait à peine 100 $ l'unité. Avec un couvre-livre, je pourrais vendre un exemplaire de la première édition pour environ 2000 $ US, ou 2500 $ US, selon sa condition. L'objectif ultime est de faire en sorte que le livre ressemble le plus possible à l'édition d'origine, telle qu'imprimée le tout premier jour.»
Une première édition recouverte d'un couvre-livre n'est pas un gage de profit.
Cependant selon Mme Minor, «L'Origine des espèces», de Charles Darwin, imprimé en 1859 en 1250 exemplaires, a acquis beaucoup de valeur au fil des deux dernières décennies.
«C'est un titre», note Mme Minor.
À la fin des années 1980, révèle Mme Minor, ce fameux livre pouvait se vendre à un prix de 20 000$, «s'il s'agissait d'une belle copie dans sa toile d'origine».
Dix ans plus tard, le coût s'élevait à environ 40 000 $ et au tournant du siècle, il frisait les 100 000 $. Il y a deux mois, Mme Minor a vendu le dernier exemplaire pour presque 197 000 $.
L'avènement de l'Internet a rendu la chasse aux livres rares beaucoup plus faciles. Mais comme dans n'importe quel secteur d'investissement, ce hobby a ses pièges, incluant les spéculateurs.
«Même lorsque les vendeurs de livres font de la spéculation, il leur arrive de se tromper - et pourtant, ce sont de soi-disant experts», fait remarquer M. Begg.
Selon ce dernier, les règles de la collection de livres sont simples : «Collectionnez ce que vous aimez, car vous serez plus efficaces.»
«Si vous vous lancez dans cette activité dans le simple but de faire de l'argent, ça ne fonctionne pas. Mais si vous voulez collectionner, allez vers ce que vous aimez, et votre collection aura une plus grande valeur.»
M. Begg ajoute qu'il est important de donner une orientation à sa collection et de ne pas craindre d'ajouter des livres récents, ce qui aide à assembler un porte-feuille de livres rares.
Lui-même membre de l'Association de la librairie ancienne du Canada, M. Begg suggère aussi de consulter un libraire autorisé.
«Ces gens connaissent leur affaire et vous pouvez leur poser des questions. Trouvez-en un que vous appréciez et servez-vous de son expertise pour choisir les livres que vous collectionnerez. Vous pourrez aussi lui demander de mettre la main sur certains livres pour vous.»
À défaut de se tourner vers une personne sûre, le risque de posséder une collection sans valeur est plus grand. Et les recours pour remédier à pareille situation sont à peu près inexistants.
«Faites-moi confiance, c'est ce qui va se produire. Les charlatans sont nombreux. Cherchez un libraire autorisé.»

Malcolm Morrison
La Presse Canadienne
Toronto

Source: cyberpresse.ca

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