3 février 2010

[AMÉRIQUE]. GLOBUS MUNDI. Sold 500 000€

[AMÉRIQUE]. GLOBUS MUNDI Declaratio siue descriptio mundi et totius orbis terrarum globulo rotundo comparati ut ipera solida… (Strasbourg), Jean Gruninger, 1509.
5 ouvrages en un vol in-4, vélin ivoire à rabat, reste de liens (Reliure de l'époque).
(14 ff.). [sig. A-B4 C6]
Très rare plaquette anonyme, imprimée à Strasbourg en 1509. IL S'AGIT DU PREMIER OUVRAGE DE COSMOGRAPHIE À EMPLOYER OFFICIELLEMENT LE TERME « AMÉRIQUE » COMME NOM USUEL POUR DÉSIGNER LE « NOUVEAU MONDE ». C'est en 1507 que le terme « Amérique » fut proposé pour la première fois par Martinus Hylacomilus dans son ouvrage intitulé Cosmographia introductio. Ce dernier, faisant fi de Christophe Colomb, célébrait à travers ce terme la découverte d'Amerigo Vespucci toujours vivant à l'époque.
C'est donc deux ans plus tard que cette terminologie sera officiellement adoptée. Voici la traduction du passage dans lequel l'auteur mentionne l'Amérique : « Les docteurs comparent la terre au corps humain, parce qu'on y trouve tout ce qui est dans notre corps : d'abord, la chair, c'est la terre elle-même ; le sang, c'est l'eau ; les os, les pierres ; les veines, les montagnes. La tête c'est l'Orient ou l'Asie ; LES PIEDS, L'OCCIDENT ET L'AMÉRIQUE, DÉCOUVERTE NOUVELLEMENT, QUATRIÈME PARTIE DU GLOBE.
L'Afrique est le bras droit ; l'Europe, notre continent, représente le bras gauche » (premier paragraphe feuillet B3 verso).

L'édition est illustrée de onze bois gravés, dont un sur le titre. Parmi ces bois figurent plusieurs mappemondes dont une, répétée quatre fois, sur laquelle l'Amérique est représentée sous le nom de Newe Welt! (Nouveau monde en allemand).

IL S'AGIT DE L'UNE DES TOUTES PREMIÈRES REPRÉSENTATIONS IMPRIMÉES DE CE CONTINENT. La première carte gravée du nouveau monde avec le nom d'Amérique ne paraîtra qu'en 1520.
L'exemplaire contient également les textes suivants : - BACON (Roger). Claudius Coelestinus.
De his que mundo mirabiliter eveniunt : ubi de sensuum erroribus, & potentijs anime, ac de influentijs cælorum, F. Claudij Cælestini opusculum.
De mirabili potestate artis et naturae, ubi de philosophorum lapide, F. Rogerij Bachonis Anglici, libellus. Paris, Simon de Colines, 1542. (4 ff.), 52 ff. [sig. *4 a-n4] Rare édition due à l'érudit Oronce Finé (1494-1555) contenant le De mirabili potestate artis et naturæ de Roger Bacon, l'un des classiques de l'alchimie médiévale. Il est précédé ici de l'édition princeps du De his quæ mundo mirabiliter eveniunt du moine célestin Claude Rapine, dit Claudius Coelestinus. Il s'agit d'un traité philosophique qui se propose de lutter contre les superstitions populaires ; il sera traduit en français en 1557 sous le titre Les Choses merveilleuses en Nature, où est traité des erreurs des sens, des puissances de l'ame & influences des cieux. Ex-dono manuscrit de l'époque sur le titre. - LIECHTENBERGER. Prognosticatio Ioannis Liechtenbergers, quam olim scripsit super magma illa Saturni ac Iouis coniunctione, quæ fuit anno M. CCC. LXXXIII… Parisiis, apud collegium Sorbonæ, 1530. (34 ff.). [sig. A-G4 H6] Très rare édition de ce traité d'astrologie. Elle est ornée de jolies lettrines historiées. - FRIES (Laurent). Artis memorativae naturalis et artifitialis certa, facilis & verax traditio, quemq exiguo (utita dicam) momento, rei litterarie opulentissimum reddens, experientia Laurentij Phrisij med. Doc. diligentissime congesta. Strasbourg, s.n., 1523 (au colophon). (12 ff. dern. bl.) [sig. A-C4] Édition publiée par Gruninger.
L'ouvrage est de Laurent Fries, médecin, astrologue et géographe originaire de Colmar. Portrait de l'auteur gravé sur bois sur le titre. Signature de l'époque sur le titre : Dominicus Jacquinofins. - NACHTGALL (Luscinius). Musicae institutiones Othmari Nachtgall Argetini a nemine unquã prius pari facilitate tentate, studiodis… (Strasbourg, 1515). (10 ff.) [sig. a4 b6] Édition originale du traité sur les éléments de musique de Luscinius Nachtgall, l'un des humanistes éminents de Strasbourg. Le titre, imprimé en rouge et noir, est orné d'un joli encadrement gravé sur bois.
RECUEIL D'IMPRIMÉS DU SEIZIÈME SIÈCLE D'UNE GRANDE RARETÉ, PRÉCIEUX TÉMOIGNAGES DES PRÉOCCUPATIONS DU SIÈCLE : GÉOGRAPHIE, ALCHIMIE, ASTROLOGIE

BILLON "Le Fort inexpugnable de l'honneur du sexe femenin" Sold 150 000€

BILLON (François).
[Le Fort inexpugnable de l'honneur du sexe femenin.
Paris, Jean d'Allyer, 1555].
In-4, veau fauve, cadre de double filets doré et bande peinte en noir en entre deux doré, riche motif à répétition de douze rectangles dessinés par un listel peint en noir, serti de double filet doré et cintré sur les bords, eux-mêmes entrelacés, renfermant une marguerite au naturel polychrome à la cire rouge et brun, au centre de la composition médaillon ovale contenant les armoiries peintes en rouge et argent, entouré du collier de la Toison d'or, surmonté d'un caisson contenant la devise et en bas le nom du possesseur, le tout sur un champs d'un semé de trois points d'or, dos richement orné de fers stylisés contenant en haut le titre et dans le caisson inférieur la date de l'édition, tranches dorées et ciselées (Reliure de l'époque).

Édition originale, illustrée d'un portrait de l'auteur âgé de 33 ans (répété une fois), de 2 grands bois allégoriques à pleine page figurant des femmes guerrières (répétés respectivement 6 et 2 fois), et d'un encadrement de pages orné de trophées et canons (répété 9 fois).
Unique édition, remise en vente en 1564 sous le titre La Défense et forteresse invincible.
Le livre répond aux attaques contre les femmes des auteurs du Roman de la rose et des poètes du temps.
L'auteur passe en revue les femmes remarquables de l'Antiquité classique et biblique, modernes, italiennes et lyonnaises.
Neveu de l'évêque de Senlis, secrétaire du cardinal de Bellay, puis du duc de Parme à Rome, François de Billon accéda à la postérité grâce à cet ouvrage.
TRÈS PRÉCIEUX EXEMPLAIRE DU COMTE PIERRE ERNEST DE MANSFELD, RELIÉ À SES ARMES ET PORTANT SA DEVISE « M. FORCE. MEST. TROP».
La reliure, exécutée à Paris, porte au dos la date de 1555 et le titre de l'ouvrage.
CETTE PROVENANCE EST DE LA PLUS EXTRÊME RARETÉ.
Le comte Pierre Ernest de Mansfeld est né en Saxe le 20 juillet 1517, et décédé au Luxembourg le 25 mai 1604.
En 1533, il entra au service de l'empereur Charles Quint qu'il accompagna lors de l'expédition de Tunis.
En 1545, il fut nommé gouverneur de Luxembourg, dix-septième province des Pays-Bas.
En 1552, sur l'ordre de Marie de Hongrie, gouvernante des Pays-Bas, Mansfeld fut chargé de la défense de la place d'Ivoix, assiégée par les troupes d'Henri II, roi de France.
Trahi par la garnison et surtout par les mercenaires allemands qui refusèrent de se battre, il dut capituler.
Fait prisonnier par le connétable Anne de Montmorency, il fut tenu en captivité au donjon de Vincennes.
Ce n'est qu'au début de 1557 qu'il fut remis en liberté contre une forte rançon, réunie par Philippe II, roi d'Espagne, et des États de Luxembourg.
Après sa libération, il poursuivit sa carrière mouvementée d'homme de guerre.
Il fut mêlé aux intrigues qui se déroulaient à Bruxelles dans les années 1563 à 1566.
Opposé aux édits et placards contre les hérétiques, il prit le parti du comte Egmont et de Hornes, emprisonnés par le duc d'Albe, le sanglant lieutenant de Philippe II.
En 1569, Mansfeld se distingua à la Bataille de Moncontour, au siège d'Anvers en 1585.
Après la mort d'Alexandre Farnèse en 1592, il fut nommé par Philippe II gouverneur des Pays-Bas.
En 1594, il rentra au Luxembourg qu'il ne quittera plus jusqu'à sa mort en 1604.
Durant sa captivité à Vincennes, Mansfeld fit l'acquisition de livres et en commanda la reliure à un des grands ateliers parisiens qui travailla entre autres pour Philippe de Croÿ, incarcéré en même temps que lui à Vincennes.
Il est probable que ces reliures, qui curieusement portent au dos leur date d'exécution, ont été commandées par Mansfeld en 1555 et 1556.
Elles portent toutes les armoiries, accompagnées pour la plupart par sa devise « M. FORCE. MEST. TROP. ».
Les historiens pensent que les livres de Mansfeld, et parmi eux les livres reliés à Paris en 1555 et 1556, furent ramenés par lui dans son Château de Clausen, près de Luxembourg.
En 1978, Emile Van der Vekene fit paraître son étude Les Reliures aux armoiries de Pierre Ernest de Mansfeld, dans laquelle il dresse le catalogue de toutes les reliures de Mansfeld connues.
Il ne dénombre aujourd'hui, en comptant celle-ci, que 19 reliures lui ayant appartenu, conservées dans les bibliothèques du Luxembourg, de France et de Tchécoslovaquie.
Émile Van der Vekene en découvrit deux autres en Tchécoslovaquie et J.-M.
Chatelain une à la bibliothèque Méjanes à Aix-en-Provence (Un cabinet d'amateur au XVIIIe siècle, le marquis de Méjanes bibliophile, 2006, n° 56), CE QUI PORTE À 22 LE NOMBRE DE RELIURES CONNUES.
Seules deux reliures sont connues dans le domaine privé : Les Instructions sur le faict de la guerre, 1549, in-folio, appartenant jadis aux princes de Ligne, au Château de Beloeil en Belgique, et depuis 1991 en Angleterre chez Paul Getty junior, et la nôtre.
Sur ce nombre, et ce sans reprendre les groupes dégagés dans son étude, selon les divers fers d'armoiries utilisés, on distingue un groupe de belles reliures avec filets et fers poussés en argent, dignes des belles reliures exécutées pour Grolier, Mahieu, Laurin, Croÿ, Montmorency, et un groupe de 3 reliures (XIV, XV, XVI) particulièrement remarquables et originales ornées d'un décor à répétition de compartiments comprenant une marguerite (pour notre reliure, et celle de Chantilly), les marguerites poussées entre les compartiments diversement décorées pour la reliure anciennement à Beloeil.
Ces marguerites figuraient sur les reliures comme un hommage à Marguerite de Bréderode, sa première épouse, décédée en 1554, durant sa période de captivité.
Notre reliure est décrite sous le n° XIV, et reproduite en noir d'après un cliché communiqué par André Rodocanachi, ambassadeur de France qui possédait le volume dans les années 1950 (avec ex-libris).
Lors de la publication de l'étude sur Mansfeld, la localisation de la reliure était ignorée.
Hormis le volume aujourd'hui chez Paul Getty junior, CETTE RELIURE EST LA SEULE CONNUE EN MAINS PRIVÉES.
QUALITÉ SUPPLÉMENTAIRE, ELLE FAIT PARTIE DE CE GROUPE DE TROIS RELIURES À DÉCORS À RÉPÉTITION SI PARTICULIER ET SI INTÉRESSANT, QUASIMENT UNIQUE DANS TOUT LE XVIe SIÈCLE.
Fabienne Le Bars (Catalogue de l'Exposition Mansfeld à Luxembourg, 2007) les compare à une série de trois reliures, aux plats également compartimentés par un réseau de rubans entrelacés, exécutées par l'un des relieurs de Thomas Wotton sur un exemplaire des Opera de Saint Jérôme, 1546 (Fine Bindings 1500-1700 from Oxford Librairies, Oxford, 1968, nos 46-47-48).
Exemplaire réglé.
Manque le titre, le feuillet liminaire (A iv) correspondant, et le dernier feuillet blanc.
Quelques dessins à la plume sur la marge inférieure du feuillet 228, d'une facture un peu gauche.
Sur le premier feuillet, ex-libris manuscrit effacé, qui semble celui de Frères Mineurs de Luxembourg auxquels Mansfeld donna une partie de ses livres.
La reliure présente des défauts : hormis des restaurations en mauvais état aux coiffes et de certains endroits des charnières, le dos porte une trace de pliure verticale qui semble indiquer que le volume a dû être recousu.
On remarque de plus que le bord des plats, porte un décor composé d'un filet alternant avec des filets obliques qui devait se trouver sur les coupes, comme si les cartons étaient trop larges ou la peau rétrécie.
Le fait qu'il manque le titre repousse l'idée d'un remboîtage d'autant que le titre et la date de l'édition au dos, caractéristiques des reliures de Mansfeld, correspondent à l'ouvrage.
MALGRÉ SES IMPERFECTIONS, VOLUME HAUTEMENT DÉSIRABLE ET DES PLUS PRÉCIEUX.